Brève histoire du climat, de la préhistoire à la crise imaginaire du 21e siècle


Par Robert Girouard



Depuis son apparition en Afrique il y a quelques centaines de milliers d’années, Sapiens a dû affronter des changements climatiques d’une ampleur, d’une sévérité sans commune mesure avec le petit réchauffement de 1,15 °C somme toute bénin que l’on connaît depuis la fin du Petit Âge glaciaire. Au nombre de ceux-ci, citons deux cycles glaciaires-interglaciaires, de nombreuses et importantes fluctuations de température et d’humidité, ainsi que des éruptions cataclysmiques comme celle du volcan Toba vers -73 000 (ans avant le présent) dont les cendres ont obscurci le ciel pendant des années.  Grâce à son intelligence, non seulement Sapiens a surmonté tous ces défis posés par une nature turbulente et imprévisible, mais il est aussi devenu de plus en plus résilient, de moins en moins tributaire du climat.


Une préhistoire tumultueuse

À partir de -190 000, nos lointains ancêtres africains font face à une première période glaciaire (Riss) provoquant une aridification croissante. Des méga-sécheresses qui ont concerné une grande partie de l’Afrique tropicale y ont rendu la vie très difficile, forçant Sapiens à se réfugier dans les grottes du littoral sud-africain (Blombos). Les Grands Lacs Tanganyika et Malawi, dont la profondeur atteint aujourd’hui plusieurs centaines de mètres, sont restés presque complètement asséchés pendant plusieurs milliers d’années, et ce, à plusieurs reprises. 


Sapiens connaît ensuite une période de climat favorable au cours de l’interglaciaire Eemien, amorcé vers -130 000 et d’une durée d’environ 15 000 ans. Il y fait sensiblement plus chaud qu’aujourd’hui comme en témoignent la disparition de la banquise arctique et des glaciers alpins, ainsi que l’humidification du Sahara. Lors du pic de chaleur, les océans sont en moyenne 2°C plus chauds qu’actuellement, ce qui suppose des températures bien plus élevées sur les terres. Certains Sapiens archaïques profitent de cette fenêtre climatique exceptionnelle pour sortir d’Afrique.


Une seconde grande glaciation (Würm) s’installe progressivement, laquelle durera jusqu’à notre interglaciaire, l’Holocène. Entre -70 000 et -60 000, au cours d’une embellie, on assiste à une migration de populations des côtes sud-africaines vers l’Afrique orientale, point de départ de nouvelles sorties d’Afrique, cette fois par Sapiens sapiens.  


Les premiers Sapiens européens arrivés vers -45 000 (longtemps après leurs cousins Néandertaliens) ont subi plusieurs allers et retours du climat pendant presque 30 millénaires, un véritable chaos climatique. Piégés dans la péninsule européenne, ils ont survécu à des changements climatiques parmi les plus brutaux des deux derniers millions d’années, dont une dizaine de réchauffements subits et prononcés (événements Dansgaard-Oeschger), avec des hausses de 5 °C à 16 °C en quelques décennies. En hiver et pendant les périodes froides, les bandes de Cro-Magnon qui vivent en Europe occidentale se réfugient dans les vallées et les grottes de la France méridionale et d’Espagne du Nord. Même dans ces vallées, la température moyenne en hiver est d’environ 10 °C inférieure à l’actuelle. 


Pendant le maximum glaciaire, autour de -20 000 ans, des froids extrêmes accompagnées de sécheresses créent des conditions horribles presque partout. S’ensuivent un nouvel assèchement des lacs africains, une extension des déserts, un effondrement des populations tant humaines qu’animales.  La végétation, privée en outre d’un apport suffisant en CO2, crie famine. Le niveau de poussières dans l’atmosphère est 20 à 25 fois plus élevé qu’aujourd’hui. Le gradient de température entre les pôles et les tropiques atteint 60 °C, soit 20 °C de plus qu’aujourd’hui, générant ainsi des tempêtes de vents et de poussières monstres. 


Un réchauffement planétaire salvateur survient à -14 700 ans.  C’est le Bölling-Allerod, qui durera 2 000 ans et qui sera particulièrement bénéfique pour les humains établis dans le Proche-Orient. Dans cet environnement plus chaud et plus humide, où le Sahara se couvre à nouveau de végétation, apparaissent de petits villages et fleurit la culture natoufienne. 


Mais, cette embellie est soudainement interrompue par un refroidissement aussi terrible que subit, le Dryas récent. Pendant un plus d’un millénaire, on assiste à une régression de la civilisation naissante. Les Natoufiens redeviennent nomades et Sapiens est contraint de quitter plusieurs contrées redevenues invivables, dont l’Angleterre, la Belgique, les Pays-Bas et le Nord de la France.  


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L’Holocène et la stabilisation relative du climat

Il y a environ 11 700 ans s’ouvre notre Holocène. Les températures se réchauffent en une génération, le Sahara reverdit, les lacs et les rivières se gonflent, les animaux pullulent… et l’humanité se remet à prospérer.  Et, comme lors du Bölling, c’est au Proche-Orient, plus précisément dans le Croissant fertile, que la civilisation va d’abord rebondir.  L’agriculture prend racine, l’élevage se développe en parallèle, les premières cités (Jericho, Çatal Höyük, etc.) voient le jour, tandis que les innovations culturelles telles que la roue, la charrue et la métallurgie se multiplient. 


Jusqu’à ce jour, le climat de l’Holocène s’est révélé « relativement » stable, bien qu’il ait oscillé entre périodes chaudes appelées « optima climatiques », généralement favorables pour Sapiens, et périodes froides ou sombres, généralement défavorables ; ces fluctuations de quelques degrés de la température moyenne de la Terre ont notamment été mises en évidence par les avancées et retraits des glaciers alpins.


L’optimum thermique de l’Holocène s’étire entre 9 000 et 5 000 ans avant le présent. Ce ne sera toutefois pas un long fleuve tranquille ; entre autres, la vidange du lac glaciaire Agassiz cause un violent refroidissement global sur plusieurs siècles, et ses répercussions se font sentir jusqu’au Proche-Orient, qui vit alors un petit âge glaciaire.  Face au froid et à la sécheresse, les survivants sont forcés à l’exil, notamment vers la Mésopotamie. 


Lorsque la civilisation sumérienne d’Ur atteint sa splendeur, une nouvelle crise climatique s’abat sur la Mésopotamie, la sécheresse atteignant des dimensions catastrophiques vers -4 200.  Des tribus de pasteurs venus des montagnes environnantes déferlent dans les vallées du Tigre et de l’Euphrate, contribuant au déclin de l’empire d’Akkad


Des analyses de proxys et des fouilles archéologiques ont fait ressortir que cette crise climatique a été résolument mondiale. C’est en effet à ce moment-là que s’effondrent plusieurs autres civilisations ou empires, tels l’ancien royaume d’Égypte et la civilisation de la vallée de l’Indus (Mohenjo-Daro, Harappa, etc.). En Chine, des changements climatiques concomitants ont raison de la culture de Liangzhu dans le delta du Yangtsé, entre autres. 


Environ un millénaire plus tard, d’autres civilisations de l’Âge du bronze qui s’étaient épanouies à la faveur d’un optimum climatique renouvelé sont frappées de plein fouet par un nouvel épisode de méga-sécheresse, accompagné de famines et de migrations. Il est question ici du nouvel empire d’Égypte, de la civilisation crétoise ou minoenne, de l’empire Hittite, des royaumes de Mycènes et d’Ougarit, pour ne nommer que ceux-là. En une cinquantaine d’années, tous s’écroulent, ainsi que les réseaux commerciaux qu’ils avaient établis. S’ensuivra une période de « siècles obscurs ». Les causes de cette débâcle civilisationnelle sont sans doute multiples — pensons aux invasions des Peuples de la mer —mais les changements climatiques ont assurément joué.  Cette période sombre, qui force Sapiens à s’adapter une fois de plus, marque par ailleurs le passage de l’Âge du bronze à l’Âge du fer, comme quoi le changement climatique adverse ne constitue pas nécessairement un frein au progrès.  


À partir de - 250 avant notre ère,  un nouvel optimum, appelé « romain » ou « classique », crée des conditions propices à l’envol des grandes civilisations gréco-romaine et carthaginoise (absorbée plus tard par Rome), sur les cendres desquelles s’édifiera ultérieurement la civilisation occidentale. Il s’agit de la  période la plus chaude des deux derniers millénaires, et bien arrosée de surcroît. En - 218, Hannibal franchit les Alpes avec ses éléphants, un exploit qui serait impossible aujourd’hui. Le bassin de la Méditerranée est décrit comme un éden où il fait bon vivre, et les rendements agricoles élevés permettent notamment d’approvisionner Rome dont la population oisive dépassera le million. 


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De la chute de Rome au Petit Âge glaciaire

Divers facteurs ont concouru à la chute de Rome.  Mais selon l’historien Kyle Harper, l’effondrement s’explique essentiellement par des épidémies successives et une détérioration du climat. Le refroidissement des températures commence vers 250 de notre ère ou même avant. Une douzaine de proxys tels que carottes glaciaires, avancées des glaciers, pollens et sédiments marins et lacustres attestent la réalité de ce Petit Âge glaciaire de l’Antiquité tardive, auxquels il faut ajouter les écrits de l’époque et d’autres données de base comme les variations solaires. Ainsi, les greniers à blé d’Afrique et de Sicile se tarissent, causant des famines. Les steppes d’Asie centrale sont en proie à une forte sécheresse à l’origine des migrations des Huns, lesquelles pousseront les Goths à envahir Rome. On connaît la suite. 


L’Amérique n’est pas épargnée par le changement climatique, qui se manifeste toutefois de manière différente. La chute de Teotihuacan, la plus grande cité précolombienne, vers 550, coïncide avec une modification du régime de moussons dans le bassin de Mexico. Du côté du Yucatan, plusieurs cités mayas succombent également aux assauts de la sécheresse, et ce, malgré tous les sacrifices humains et autres rites barbares imaginés par les élites pour amadouer le dieu de la pluie Chaac. En Asie, plus tard, des changements climatiques défavorables contribueront à la désertion d’Angkor.


Après six siècles de temps difficiles, la douceur de vivre est de retour à compter de 900.   Au cours de cet optimum médiéval qui durera environ quatre siècles, ponctués de hauts et de bas, l’Europe connaîtra un essor sans précédent, tant sur le plan démographique qu’économique et culturel. D’innombrables sources écrites qu’ont étudiées des historiens de talent comme Emmanuel Le Roy Ladurie et Pierre Alexandre confirment la réalité de cette période chaude.  À certains moments, il fait suffisamment chaud pour que l’Angleterre du Nord produise de l’excellent vin, exportable, et que l’on cultive la vigne jusqu’en Prusse orientale et dans le sud de la Norvège. Les surplus agricoles permettent de financer les croisades, la construction de cathédrales, la pratique arts en général. Les moeurs s’adoucissent aussi, avec l’avènement de la courtoisie et de l’esprit chevaleresque. 


Au même moment en Chine s’épanouit la civilisation des Song, de loin la plus sophistiquée et la plus avancée de l’époque. On lui doit notamment la construction de systèmes de canaux, de ponts de grandes dimensions et de ports de commerce, de même que l’invention de la poudre à canon, de la boussole et de l’imprimerie. L’art de vivre atteint un niveau de raffinement jamais vu. Les Songs sont également les premiers à développer une véritable industrie métallurgique utilisant des hauts fourneaux. Leurs navires de guerre géants, propulsés par des roues à aubes et capables d’accueillir un millier de soldats, n’ont aucun équivalent. Ils seront néanmoins défaits en 1279 par les Mongols qui, eux aussi, ont grandement profité de cette embellie climatique marquée en Asie centrale par une forte pluviosité. 


Le réchauffement médiéval s’étend à des contrées aussi nordiques que l’Islande, le Groenland et Terre-Neuve, où les hardis Vikings ont réussi à établir des colonies plus ou moins durables. Les deux communautés établies sur les côtes du Groenland ont résisté plusieurs siècles, jusqu’au retour du froid.  Étant des éleveurs et des buveurs de bière, les Vikings ne seraient pas restés aussi longtemps s’ils n’avaient pu y cultiver le maïs et l’orge. Or, aujourd’hui, on peine encore à y faire pousser des patates. De même, la découverte sous un glacier d’Alaska de restes d’une forêt vieille de 1 000 ans laisse supposer que là aussi les températures étaient plus élevées qu’aujourd'hui. 


Arrive ensuite le Petit Âge glaciaire, qui s’installe en Europe dès 1300 et qui amène son lot de misère, de famines, d’épidémies, de migrations, de révoltes, etc. La population fond de moitié à cause de la peste et des effets délétères du changement climatique, et il lui faudra un siècle pour se reconstituer.  Entre 1560 et 1630, les glaciers alpins se mettent à avancer rapidement au cours de la Fluctuation de Grindelwald. Le milieu du 17e siècle compte parmi les périodes les plus froides de l’Holocène. On patine alors sur les canaux de Hollande et de Belgique dépeints par Brueghel père et fils, tandis que des foires se tiennent sur la surface gelée de la Tamise jusqu’en 1814. La plus renommée de ces frost fairs a lieu pendant le Grand gel de 1683-84,  au cours duquel la Tamise est restée complètement gelée pendant deux mois.  Selon Le Roy Ladurie, la crise climatique de la triplette 1787-1789 aurait aussi été l’élément déclencheur de la Révolution française. 


De nombreux témoignages historiques de cette époque attestent la sévérité du Petit Âge glaciaire,  qui en outre ne s’est pas limité à l’Europe. Entre autres, la Chine des Ming a été frappée encore plus brutalement, le pire se produisant dans les années 1640 quand une puissante éruption volcanique est venue exacerber le changement climatique. 


Une des manifestations culturelles les plus sordides et les plus frappantes de cette période trouble aura sans doute été la chasse aux sorcières en Europe.  Ce mouvement de « délire populaire extraordinaire », qui a consisté à accuser de sorcellerie de parfaits innocents, de pauvres vieilles femmes surtout mais aussi des juifs, des homosexuels et des malades mentaux, et à les tenir responsables de tous les maux qui s’acharnaient sur la société, a surtout été observé en Allemagne, en Suisse, en France, en Italie et en Espagne, et a atteint son paroxysme dans les années 1560 à 1650. Selon diverses estimations, entre 50 000 et 100 000 sorcières et sorciers ont été torturés ou brûlés afin de protéger la société de leurs supposés méfaits. Le tout avec la bénédiction des élites civiles et religieuses, tant chez les catholiques que chez les protestants.  


Cela dit, cette période de l’histoire n’aura pas été entièrement sombre, elle aura également donné lieu à de nombreuses innovations éclatantes, notamment en agriculture, en architecture et en médecine, voire à des avancées spectaculaires de la civilisation comme la Renaissance, les Grandes découvertes, les Lumières et la Révolution industrielle. C’est aussi au cours de cette période froide que fleurit le Siècle d’or néerlandais : grâce à leur résilience, à leur capacité d’adaptation et à leur opportunisme créatif,  les Pays-Bas du 17e siècle ont pu tourner à leur avantage le changement climatique pour se hisser au rang de première puissance commerciale du monde. 


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L’optimum moderne et la crise climatique imaginaire

Pour des raisons évidentes, et peu importe les causes, le réchauffement global qui suit le Petit Âge glaciaire ( terminé officiellement en 1850 ) arrive comme un soulagement, puisqu’il atténue les souffrances liées au froid et inaugure un nouvel éden similaire à l’optimum romain ou à l’optimum médiéval. 


Bien que certains opinent que le réchauffement a débuté après le creux du Petit Âge glaciaire, vers 1700, il faudra attendre 1910 avant de constater une première poussée soutenue, d’une durée de 30 ans, laquelle sera suivie d’un léger refroidissement jusqu’au début des années 1970, puis d’une seconde poussée de réchauffement assez similaire à la première et terminée en 2000. Un pic de chaleur a été atteint en 1998-1999 et un autre, un iota plus élevé, en 2015-2016, les deux correspondant à de puissants événements El Nino. Un nouveau record sera sans doute franchi au cours du présent El Nino. 


En tout, la température moyenne mondiale s’est élevée d’environ 1,15 °C sur quelque 170 années, ce qui n’a absolument rien d’exceptionnel comme on l’a bien vu. En plus de comporter  une marge d’incertitude, cette « température moyenne globale » a d’ailleurs peu de sens, puisqu’il n’existe pas un climat de la Terre mais bien une panoplie de climats régionaux et locaux aux caractéristiques les plus diverses.  Comment peut-on moyenner le climat de l’Antarctique avec celui de l’Amazonie ? Nous savons d’ailleurs que les terres se réchauffent plus que les océans, l’hémisphère nord plus que l’hémisphère sud, les moyennes et hautes latitudes plus que les tropiques, et les villes plus que leurs campagnes (phénomène d’îlot de chaleur urbain). Certains climats profitent de l’embellie, d’autres demeurent inhospitaliers. 


Comme tous les autres qui l’ont précédé, ce nouvel optimum a été généralement bénéfique pour l’humanité. Force est de constater que les humains se trouvent aujourd’hui dans une situation tout à fait incomparable par rapport à celle de 1850. La population mondiale atteint  maintenant 8 milliards, versus moins de 1,4 milliard au début de l’ère industrielle. La production alimentaire a plus que suivi, puisque la famine a été pratiquement éliminée, un exploit en soi ; de fait, grâce à la Révolution verte, les rendements agricoles dépassent toutes les attentes. L’espérance de vie moyenne a presque doublé, la mortalité infantile a été divisée par 10. La richesse a augmenté de manière exponentielle, tandis que la pauvreté extrême a décliné considérablement partout dans le monde. À cela s’ajoutent toutes les merveilles de la science, de la technologie, de la médecine, des transports, des communications, de l’architecture, des arts et du divertissement, pour ne nommer que celles-là, qui rendent la vie si agréable pour un nombre grandissant d’humains. 


Cela dit, le climat étant ce qu’il est, il y a eu à certains moments, dans certaines régions du monde, des épisodes douloureux. Par exemple, dans les années 1930, l’hémisphère nord a été en proie à des vagues de chaleur et de sécheresse extrêmes. L’année 1934 figure encore comme l’une des plus chaudes jamais enregistrées aux États-Unis. Pendant le Dust Bowl, les Grandes Plaines de l’Ouest ont été en outre dévastées par des tempêtes de sable épouvantables, avec des conséquences dramatiques pour les humains qui y habitaient. Notons que de telles sécheresses, souvent entrecoupées de périodes de forte pluviosité, ont été récurrentes au cours des derniers millénaires, et il y en aura très certainement d’autres. 


De même, le léger refroidissement global des années 1950 et 1960, particulièrement présent dans les régions arctiques et sub-arctiques et qui s’est étendu de l’Europe à la Chine, a fait craindre l’avènement d’un nouvel âge glaciaire. L’auteur de Population Bomb Paul Ehrlich et le futur conseiller scientifique d’Obama John Holdren ont évoqué dans un livre « le risque d’un soudain glissement de la calotte glaciaire antarctique induit par une surcharge de glace ». Avec le retour des températures plus chaudes, ces craintes pour le moins exagérées se sont estompées mais uniquement pour faire place, quelques décennies plus tard, à d’autres prédictions encore plus alarmistes, liées cette fois au « réchauffement catastrophique anthropique » (Catastrophic Anthropogenic Global Warming). 


Alors que la vie n’a jamais été aussi facile sur Terre, une partie de l’humanité, concentrée en Occident dans les pays riches et de tradition judéo-chrétienne, s’est en effet mis dans la tête que le réchauffement actuel est différent en ce qu’il est mauvais, et qu’il doit être stoppé avant qu’il n’emporte la planète dans un enfer climatique irréversible. Comme au temps des sorcières, un bouc-émissaire a été désigné : les énergies fossiles. Au dire du directeur général de l’ONU, Antonio Guterres, « le problème ce ne sont pas les émissions de GES, ce sont les énergies fossiles, point à ligne ». Car elles seraient incompatibles avec la survie de l’humanité, étant responsables de tout ce qui va supposément mal sur la planète : vagues de chaleur, pluies torrentielles, coups de froid, ouragans, tornades, inondations, sécheresses, feux de forêt, perte de biodiversité, déclin des ours blancs, disparition des coraux, épidémies, etc. 


Cette peur irrationnelle, entretenue par des pseudo-scientifiques et des élites idiotes ou sans scrupules, est d’autant plus incompréhensible que Sapiens n’a jamais été aussi bien outillé pour faire face aux changements climatiques et aux aléas de la météo, deux choses très différentes soit dit en passant et qui du reste n’ont présentement rien d’anormal. 


Or, le véritable danger que court l’humanité réside dans les solutions drastiques proposées par les tenants du catastrophisme climatique. Tout passe par l’élimination forcée des énergies fossiles d’ici 2050 et leur remplacement par des énergies soi-disant renouvelables et propres, principalement l’éolien et le solaire, ce qui suppose une transformation radicale de l’économie matérielle mondiale.  L’humanité se priverait non seulement des avantages incontestables des énergies fossiles — abondantes, peu chères, polyvalentes, faciles à transporter et à entreposer et, surtout, disponibles en tout temps  —mais elle mettrait aussi son avenir en péril étant donné les tares bien connues des énergies éolienne et solaire — faible densité, intermittence, caractère aléatoire dû ironiquement aux aléas de la météo, impact sur la stabilité des réseaux électriques, nécessité de systèmes de secours, etc. De fait, en raison de ses coûts faramineux et de ses risques pour la continuité de l’approvisionnement énergétique, cette transition précipitée, imposée par des politiques restrictives, pourrait signifier l’affaiblissement, voire l’effondrement de la civilisation post-industrielle moderne telle que nous la connaissons.  


Ainsi donc, pour la première fois de l’histoire depuis l’avènement de Sapiens, une civilisation des plus avancées risque de disparaître au cours d’un optimum climatique tout à fait correct, et ce, en raison d’une « crise climatique » totalement fictive et imaginaire !   Nos descendants n’en reviendront pas !  Heureusement, cela n’arrivera pas, car les « délires populaires extraordinaires » finissent toujours par être démasqués.  Des signes avant-coureurs laissent croire que c’est pour bientôt. À suivre. 


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Référence : Olivier Postel-Vinay, Sapiens et le climat - Une histoire bien chahutée, Les Presses de la Cité, 2022








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